Sous Le Pont Mirabeau - Etat Libre d'Orange
Eau de parfum
Frais, Boisé
Un parfum pour nous sauver tous, alcools sur l’eau de nos essences, bergamote et baie rose entremêlées de figue dans un flacon de verre, violemment réunir les corps à l’unisson des âmes.
L'espérance est violente.
Mirabeau, que de jolies voyelles, étrangement parisiennes, suspendues au-dessus de la Seine pour écrire le souvenir, rejoindre une autre rive, revenir à elle en suivant son sillage de santal, de baie rose et de cèdre.
Au cœur d’une ville que l’on dit de lumière, en allant vers le crépuscule du jour il était un pont, un poème et un parfum.
Un pont discret et symbolique, celui de l’esprit bâtisseur qui transcende les frontières, devenir meilleur en étant réunis. Fondations solides de cèdre, de santal et d'orcanox pour enjamber l'amour, embrasser ses muscs.
Un poème aussi lent que violent, l’espérance brutale et désirable pour celui qui voudrait croire, pour celle qui veut aimer. Vanille j'écris ton nom à la trace feutrée de l'encens et du vert de violette.
Un parfum pour nous sauver tous, silencieusement nous repêcher, au-dessus de la Seine, alcools sur l’eau de nos essences, bergamote et baie rose entremêlées de figue dans un flacon de verre, violemment réunir les corps à l’unisson des âmes.
Il est des ponts où l’on danse : enfants, nous les avons chantés ; quelques-uns, où l’on s’est battu, ont inscrit leurs noms dans l’Histoire ; d’autres proposent à l’admiration des générations successives leur perfection architecturale. Tous sont célèbres.
Top notes: Italian Bergamot HE SUSTAINABLE, Pure Pink Pepper Jungle Essence™, Elemi HE, Fig Accord
Heart notes: Superessence incense, Aquatic Accord, Ozonic Accord, Violet Green
Base notes : Virginia Cedar Upcycled, Vanilla Pure Jungle Essence™, Sandalwood HE, Orcanox™ Upcycled, Muscs
Mais il en est un qui n’eut besoin ni de danses, ni de combats, ni d’œuvres de génie pour s’imposer à nos mémoires : c’est le Pont Mirabeau. Pour cela vingt lignes sur lui ont suffi.
Il faut dire qu’elles étaient de la main d’un poète, et que son poème parlait d’amour, et d’amour malheureux. Quand Apollinaire le compose, Marie qu’il a aimée l’a quitté. Mais nous devinons seulement leur histoire qu’il ne raconte pas, d’ailleurs n’est-elle pas celle qu’ont vécue tant d’amants ? L’amour a fui comme l’eau et comme les jours.
Le parfum qui portera le nom du Pont Mirabeau se devait de traduire sa force, car il résiste au flot de la Seine et du temps, il en est le témoin impassible comme le souligne la reprise finale du premier vers ; mais la délicatesse des fragrances mêlées à cette base, traduit la mélancolie des amours mortes, tandis que s’impose aussi une note aigüe propre à témoigner de la « violente Espérance ».
Ce mélange de force et de douceur réalise en lui le pont symbolique des mains jointes de Guillaume Apollinaire et de Marie. Mais c’est à l’histoire éternelle des amants qu’il nous renvoie, comme le poète lui-même.
Non pas à ceux des légendes qu’une même mort immortalise, et dont la passion est préservée de l’emprise du temps, mais à ceux, trop humains, dont se défont un jour, aussi inexorablement que coule le fleuve, les amours que l’on croyait éternelles.
Guillaume et Marie s’aimaient assurément, mais « le poète est chose ailée » dit Platon, il vole et se laisse attirer par maintes fleurs au parfum captivant. Or la jeune femme que l’on imagine faible et sans défense, est en réalité un être passionné chez qui l’intensité des sentiments refuse le partage et exclut le pardon. C’est elle qui va rompre. Supplications ni serments du poète n’y pourront rien changer.
Ainsi il devient pour jamais celui qu’ont repoussé les deux femmes qu’il a passionnément aimées. C’est du désespoir qu’elles suscitèrent que jaillirent, la Chanson du Mal-Aimé, et le Pont Mirabeau. A toutes deux il pourra dire un jour, dans un adieu apaisé :
J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t-en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends
Paris, Janvier 2022
Suzanne Julliard-Agie & Etienne de Swardt
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